Sommaire
Introduction
- Introduction, par P. Arnaud
- Glossaire
la cartographie grecque
- Science grecque et cartographie, par G. Aujac
- Ératosthène et la circonférence de la Terre, par G. Aujac
- Que savons-nous de la cartographie grecque?, par F. Prontera
- Une carte grecque dans un papyrus du Ier siècle av. J.-C. ?, par D. Marcotte
la cartographie romaine
- La forma: la carte cadastrale romaine, par F. Favory
- Les cartes itinéraires, par P. Arnaud
- La mosaïque de Haidra, par F. Bejaoui
- Le corpus cartographique de Claude Ptolémée, par D. Marcotte
- La carte d’Agrippa, par P. Arnaud
Les actualités
- Le vase de Vix et le nouveau musée du Pays du Châtillonnais, Entretien avec J.-L. Coudrot
- Découvertes et chantiers en cours, colloques, expositions, livres
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AT04 – Les cartes antiques
De la cartographie antique, on sait peu de choses. À défaut des cartes grecques du type de celles que Théophraste, successeur d’Aristote à la tête du Lycée, y avait fait exposer dans le portique inférieur, nous avons conservé un certain nombre de débats théoriques propres à la «cartographie scientifique grecque», depuis les premières critiques de la mappemonde circulaire jusqu’à une réflexion sur les modes de projection. Ces documents montrent une réflexion très avancée sur la représentation plane d’un objet sphérique, qui culmine avec Ptolémée. Mais quel fut leur impact réel? Représentent-elles à elles seules la totalité de la cartographie grecque? Il y a des raisons d’en douter, ainsi que le suggère la longue survie de la carte ronde, qui paraît avoir résisté à toutes les critiques, d’Hérodote à l’an mil.
Quatre cartes réputées antiques sont parvenues jusqu’à nous. L’une, laissée inachevée, se trouve dans un papyrus d’Artémidore et daterait du Ier s. av. J.-C. Sa découverte est sans doute l’apport majeur de ces dernières années, quoique son authenticité soit déjà discutée. On préférera en admettre l’authenticité, plus économe en hypothèses. Ce manuscrit montre à la fois que des cartes pouvaient accompagner des textes géographiques et que leur processus de reproduction était assez fragile. Elle suggère également que la solution adoptée par Ptolémée – diviser une mappemonde en plusieurs cartes régionales – pouvait avoir des précédents anciens, même si l’Atlas était en lui-même une innovation à l’époque de Ptolémée.
La fragment de carte de Doura-Europos, datée des environs de 200 de notre ère, montre à la fois la familiarité de l’élite sociale de l’empire avec le fait cartographique et l’extrême déformation admise au sein de la cartographie.
La mosaïque cartographique de Haïdra, sans doute de peu postérieure, va dans le même sens et montre les limites de cette familiarité.
Enfin, la Table de Peutinger est la copie médiévale, assez fidèle, d’un document dont on peut faire, en l’état, remonter l’origine à la seconde moitié du IIIe s., et qui fut modifié un siècle plus tard. Cette carte itinéraire a été considérée – et reste considérée par certains – comme le modèle de la cartographie romaine, en particulier auprès de ceux qui y reconnaissent une carte dérivée de celle de Marcus Vipsanius Agrippa.
Nous avons admis dans ce numéro les plans cadastraux, quoiqu’il ne s’agisse pas de cartes à proprement parler, mais de plans, au même titre que les plans d’édifices ou de villes entières que nous n’avons pas retenus ici. La raison de ce choix est double: l’importance de ces documents cadastraux dans la culture romaine et leur probable contribution à la représentation de certains espaces régionaux.
Le lecteur trouvera dans les pages de ce dossier un ensemble de considérations relatives aux sources les mieux documentées de notre connaissance de la cartographie antique, maigres fragments d’une conquête immense: celle qui permettait à l’esprit humain d’inscrire sur l’espace limité d’une tablette l’image globale du plus grand objet qui fût (la terre habitée) et de s’approprier par l’idée le regard icarien réservé aux dieux.