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Sommaire

  • Avant-propos, par Véronique Dasen
  • La médecine gréco-romaine, par Véronique Dasen
  • Les principaux médecins et auteurs cités, par Véronique Dasen
  • La médecine en Égypte romaine: l’énigme du «relief aux instruments» de Kom Ombô, par Valérie Martini
  • L’identité du médecin et ses instruments, par Bettina Tsigarida, Yves Manniez, Ralph Jackson, Ernst Künzl, et Pascal Bader
  • Les lieux de la pratique médicale, par Jacopo Ortalli, Paula Zsidi, Pascal Bader, et Bernard Rémy
  • Maisons de médecin et lieux de la pratique médicale à Pompéi, par Véronique Dasen
  • Médicaments et pharmacologie, par Pascal Bader, Jacques Santrot, François Wiblé, Alain Touwaide, Olivier de Cazanove, et Véronique Dasen
  • Recettes de dentifrice et autres curiosités, par Lucinne Rossier
  • Hygiène et santé: la paléopathologie, par Christiane Kramar, Charlotte Roberts, Romy Müller, Véronique Dasen, Sandra Jaeggi, Fabian Kanz, Lucinne Rossier, et Marino Maggetti

Les actualités

  • Lyon. La colonie de Lugdunum se dévoile peu à peu, par Tony Silvino, Archeodunum
  • Fouilles archéologiques à Bordeaux – Quartier Saint-Michel, par Natacha Sauvaître, Hadès
  • Mise au jour d’une domus à Bavay, par Thomas Deschamps et Vincent Merkenbreack, Archéopole
  • Le Nil et les temples égyptiens de Karnak
  • Découvertes, expositions, livres

6,00 

AT16 – La médecine à l’époque romaine

La médecine à Rome : quoi de neuf docteur? Cette question impertinente a servi de fil rouge à l’exposition sur le même thème qui s’est tenue au Musée romain de Nyon en 2010, et dont une  nouvelle version, revue et augmentée, s’est ouverte au Musée gallo-romain de Lyon le 4 octobre 2011. Elle nous rappelle combien les découvertes archéologiques se sont multipliées ces dernières années. Leur apport à l’histoire de la médecine antique est considérable.

Grâce à l’archéologie, nous pouvons aujourd’hui mieux appréhender le savoir des Anciens, comme l’extraordinaire maison du chirurgien de la Piazza Ferrari de Rimini qui a livré l’instrumentarium le plus complet à ce jour d’un praticien du IIIe siècle apr. J.-C. Moins prestigieuses, mais tout aussi remarquables, des tombes attestent l’existence de spécialistes, comme les oculistes, de femmes médecins, comme la praticienne de Heidelberg, tandis que le mobilier d’une tombe de Stanway, ainsi que celle de Nîmes pourraient appartenir à un guérisseur, alliant magie et art médical. Les acteurs de la pratique médicale sont nombreux dès l’époque hellénistique, en Égypte, aux côtés des soldats et des gladiateurs.
Le développement de nouvelles technologies permet aussi de renouveler nos savoirs avec, par exemple, une mise au point attendue sur la toxicité bien réelle de la céramique plombifère, contrairement aux tuyaux de plomb, longtemps accusés à tort d’être responsables du saturnisme et de la décadence de l’empire romain. Grâce à la découverte d’une épave, on sait aussi maintenant que les pilules pouvaient contenir des légumes – oignon, chou, poireau…
Que peut apporter la médecine antique à notre XXIe siècle? Au-delà de son exotisme, lié à sa manière d’expliquer le fonctionnement du corps par les humeurs – sang, phlegme, bile jaune et bile noire – dont le déséquilibre est responsable de toutes sortes d’affections – fièvre, abcès, tumeur – cette médecine n’est pas si ancienne qu’elle y paraît, pour au moins deux raisons: d’une part parce que les principes de la médecine hippocratique, posés en Grèce au Ve s. av. J.-C., appartiennent à la longue durée : ils vont dominer la pensée occidentale jusqu’au XVIIIe siècle au moins. D’autre part, on revient aujourd’hui à certains de ses principes, comme le souci de conserver une bonne santé grâce à une alimentation équilibrée, à des remèdes tirés des plantes et des fruits. Il y a aussi, plus largement, la volonté de retrouver un corps pensé comme un tout et le désir de bénéficier d’une médecine individualisée. Le médecin antique soigne toujours des individus, replacés dans leur environnement, dans leur histoire familiale, avec une philosophie du rapport médecin-patient qui possède aussi son actualité. Le Romain attendait de son médecin qu’il soit un medicus amicus et développe une relation personnelle, gage de l’efficacité de son traitement, à une époque bien sûr où les consultations n’étaient pas minutées par les assurances…
Ce numéro spécial nous emmène sur les traces archéologiques de l’activité d’hommes et de femmes qui ont œuvré de leur mieux pour soulager des souffrances, tenter de sauver des vies, à la fois très conscients des limites de leur art, placé sous le patronage des dieux, à une époque sans anesthésie, sans asepsie, sans antibiotique, mais avec une volonté et une inventivité extraordinaires dont témoignent la variété et le niveau technique parfois élevé des instruments conservés. Cette entreprise s’inscrit dans le développement de l’enseignement et des recherches sur l’histoire du corps et de la médecine au séminaire d’archéologie classique de l’Université de Fribourg. Un corps humain qui n’a pas beaucoup changé depuis l’Antiquité, et dont les petits et les grands malheurs nous relient aux Anciens, même si les traitements et la façon de le penser se sont transformés.