Une équipe d’archéologues hispano-égyptienne dirigée par Myriam Seco a découvert une étrange sépulture lors des fouilles du temple de Thoutmosis III de Millions d’années, à l’ouest de Louxor, en Haute-Égypte. Il s’agit de la tombe d’une femme âgée d’une quarantaine d’années et qui fut, semble-t-il, très redoutée de son vivant puisque son cadavre a été placé face contre terre dans un cercueil en bois (pratiquement disparu aujourd’hui) sur lequel ont été déposées des briques en terre crue et des pierres calcaires, ce qui paraît démontrer que les vivants du lieu ne voulaient absolument pas que le cercueil puisse être ouvert de l’intérieur ! « C’est très intrigant. Il devait s’agir d’une sorte de punition ou les gens avaient peur de cette femme qu’ils considéraient comme une sorte de sorcière », explique Myrian Seco, égyptologue de Séville et directrice des recherches.
Le corps momifié de la femme a été enterré avec deux récipients à ses pieds, son seul mobilier funéraire, dans une tombe voûtée en briques d’adobe, aménagée dans l’un des deux tumulus situés dans la plus ancienne nécropole découverte à côté de l’enceinte nord du temple. Ce cimetière, vieux de 4 000 ans, était le lieu de sépulture des gens modestes qui vivaient dans l’ancienne ville de Thèbes au cours de la XIe dynastie, à la fin de la Première Période Intermédiaire et au début du Nouvel Empire.
Une « rareté ».
Javier Martínez Babón, épigraphiste au temple de Thoutmosis III, a commenté cette « sépulture exceptionnellement mystérieuse » : « Il s’agit d’une véritable rareté dans la sphère funéraire égyptienne », a-t-il souligné, en précisant que cette volonté d’empêcher non pas le retour de son esprit mais le retour physique du défunt est « quelque chose de vraiment nouveau dans la culture égyptienne » et « ouvre un nouveau chapitre dans ce qui serait la relation entre les vivants et les morts ».
Selon Myriam Seco, les anciens Égyptiens, qui étaient très superstitieux, croyaient que les morts qui n’étaient pas passés de l’autre côté pouvaient nuire aux vivants. « En fait, dans l’ancien calendrier égyptien, il y avait un jour où il était conseillé de ne pas quitter la maison parce que les morts erraient dans le monde des vivants, et des rituels écrits de protection ont été conservés pour combattre le mal venant des démons ou des morts maléfiques qui pouvaient attaquer à travers des cauchemars. Certains textes menaçaient même de détruire la tombe de tout défunt qui tenterait de nuire à un vivant ».