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Le plus ancien vin du monde découvert sous forme liquide a été trouvé dans une tombe romaine en Espagne.

Des archéologues ont découvert une urne contenant un liquide rougeâtre dans un mausolée familial datant du Ier siècle apr. J.-C. dans la nécropole de Carmona à Séville. Une étude archéochimique a permis d’identifier ce liquide comme étant du vin blanc, ce qui en fait le plus ancien vin conservé sous forme liquide.

(a), (b) Chambre funéraire. (c) Urne dans la niche 8. (d) Vase en plomb contenant l’urne. (e) Le liquide rougeâtre contenu dans l’urne.
Crédit photo : Daniel Cosano et al. DR.

L’urne espagnole a été retrouvée en 2019 après qu’une famille effectuant des travaux dans sa maison à Carmona a découvert par hasard une tombe creusée sur sa propriété. Cette tombe, datée du début du Ier siècle apr. J.-C., contenait huit niches, dont six abritaient des urnes cinéraires en calcaire, en grès ou en verre et en plomb contenant des restes incinérés et divers objets typiques des rituels funéraires romains. Chaque urne renfermait les restes d’un seul individu , et deux d’entre elles portaient les noms des défunts : Hispanae et Senicio.

C’est l’urne de la niche 8 qui a fait la particularité de cette découverte. Placée dans un vase ovale en plomb avec un couvercle à dôme plat muni d’un cabochon, se trouvait cette urne en verre avec des poignées en forme de M. À l’intérieur, cinq litres d’un liquide rougeâtre ont été découverts, dont on suppose qu’il faisait partie du contenu original avec les restes d’os incinérés.

L’analyse des experts de l’université de Cordoue a permis d’établir que l’ancien liquide fauve contenu dans l’urne est un vin local de type xérès. « Le vin s’est avéré assez similaire aux vins d’ici en Andalousie : Montilla-Moriles, les vins de type xérès de Jerez et la manzanilla de Sanlúcar », explique José Rafael Ruiz Arrebola, chimiste organique à l’université de Cordoue, qui a dirigé l’analyse du vin.

En utilisant la spectrométrie de masse à plasma inductif (ICP-MS), les scientifiques ont pu identifier les composants chimiques des sels minéraux du vin, qui comprenaient des éléments communs trouvés dans les vieux vins comme le potassium, le calcium et le magnésium. En outre, ils ont identifié les polyphénols – composés présents dans le raisin et, par conséquent, dans le vin – en utilisant la chromatographie liquide haute performance couplée à la spectrométrie de masse ou HPLC-MS. Les chercheurs ont pu identifier le liquide comme étant du vin blanc grâce à la présence de polyphénols spécifiques et au profil des sels minéraux.

Le liquide contenu dans l’urne était rouge-brun en raison des réactions chimiques qui se sont produites au cours des 2 000 ans qui se sont écoulés depuis que le vin blanc a été versé dans l’urne. Photo : Juan Manuel RománJuan Manuel Román. DR.

La remarquable longévité du vin à l’état liquide témoigne des méthodes romaines sophistiquées de conservation et de stockage, ainsi que des circonstances climatiques particulières qui ont permis sa préservation pendant près de deux millénaires.

Avant cette découverte, qui est rapportée dans le Journal of Archaeological Science Reports, le plus ancien vin conservé à l’état liquide était la bouteille de vin de Spire, mise au jour dans une tombe romaine près de la ville allemande de Spire en 1867 et datée d’environ 325 apr. J.-C.

Selon les chercheurs, l’utilisation du vin dans les rituels funéraires romains est bien connue et documentée. Par conséquent, une fois les restes incinérés déposés dans l’urne, celle-ci a dû être remplie de vin dans le cadre d’une sorte de rituel de libation pendant la cérémonie d’enterrement ou dans le cadre du rite funéraire afin d’aider le défunt dans sa transition vers un monde meilleur.